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jeudi 28 octobre 2010

Un peu de cran, voyons !

C'est une semaine intense coté taille des rosiers, les froids arrivent condamnant irrémédiablement les dernières fleurs...je profite de la douceur du moment pour jouer du sécateur et de la serpette.
Sécateur, sécateur...c'est vite dit, cela n'est pas toujours exact! C'est parfois la scie voire la tronçonneuse qui est mise en action.

Ce fut le cas pour rabattre fortement ce gros bois âgé de rosier qui avait fait son temps. Étant donné le diamètre important de l'allongement, une application de goudron de Norvège protectrice est plutôt bienvenue.

Pour la mise à fleurs de certaine coursonne courte et rigide, la cassure est une opération radicale et efficace ( soulignée au feutre bleu sur la photo!). Radicale ,car l'année prochaine cette branche devra être éliminée. Efficace, car cette fracture ( sans rupture de sève, et qui va se ressouder)provoque un fort stress sur le reste de la coursonne, ce qui conduit généralement une émergence de fleurs en saison.
Cette technique de brisure se rencontre dans le monde des fruitiers, jardinier rime avec apprenti sorcier parfois, aussi j'ai détourné cette particularité de travail aux rosiers.

Tout comme les pratiques de crans et d'incisions utilisées dans la conduite des palmettes et cordons divers...Des yeux ont tendance à rester dormant notamment à la base des puissants allongements des rosiers vigoureux.


L'incision consiste avec la serpette à couper en superficie les tissus pour rompre les canaux de circulation de la sève, ceci au dessus de l'oeil que l'on veut réveiller pour bien sûr bloquer la sortie de la sève.

Puis en appui , faire également des coupures directrices afin de canaliser et diriger la sève vers l'oeil endormi. Afin là aussi de rendre mieux visible les opérations pratiquées sur les photos, celles-ci sont soulignées au feutre bleu.

Le barrage et les stries directrices peuvent être de paire ou l'un sans les autres. Pour trouver une image parlante c'est le péage de l'autoroute et les quilles directrices guidant les voitures. Tout le monde freine et ralentit puis s'échappe par la seule sortie autorisée par le bornage.

Ces incisions fines et en surface restent légères tout de même pour le rosier, celui-ci aura sitôt fait de cicatriser et fermer les coupes. Entre temps la sève aura pris un autre chemin et activer un oeil latent.

Le cran est plus violent d'intervention dans sa mise en place, c'est une rupture profonde digne d'un fossé creux...! Avec la serpette il faut enlever une esquille d'écorce en forme de demi lune. Le cran jumelé avec des incisions longitudinales directrices donne souvent un choc à l'oeil latent et le vif afflux de sève à de grandes chances de le réveiller.
Le cran produit une rupture des canaux très prononcée, il reste visible longtemps sans parfois se cicatriser totalement si le jardinier a eu la main lourde avec son greffoir! La demi lune ne doit pas excéder 2 mm, mais bien couvrir le dessus de l'oeil et obstruer le passage de la sève afin qu'elle n'est comme échappatoire que l'oeil visé.
En arboriculture, crans et incisions se pratiquent également pour un objectif inverse, celui d'affaiblir un oeil trop vigoureux et ayant donc la fâcheuse volonté de faire du bois.

Sur les deux clichés ci-dessus on peut voir nettement la cicatrisation des crans et des incisions ainsi que les généreux départs végétatifs déclenchés par ces techniques chirurgicales.
" Être incisifs et avoir du cran", voici peut-être la devise des rosiers du Prieuré Notre Dame d'Orsan?
























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