Le blog du jardinier a changé d'adresse !

Retrouvez les derniers articles du jardinier sur Villa Ursinus, le journal du prieuré Notre-Dame d'Orsan.

jeudi 30 septembre 2010

...vive les Bretons!


Encore une saison de finie...que le temps passe vite! Les jardins fermés et je rêve déjà du printemps futur et d'une nouvelle ouverture des jardins.
Il ne faut être mélancolique c'est la juste loi de la nature, et puis cette période est merveilleuse avec son spectacle de couleurs tant par les fleurs, les feuillages et les fruits.

Le potager livre son maximum pour offrir les ultimes légumes avant les premiers froids, la semaine prochaine nous ferons les vendanges puis viendra la récolte des coings et des mesles...bref que de joies encore à venir, simples mais si gratifiantes pour le jardinier.

Enfin et surtout il y a les souvenirs...la mémoire se transmet par l'image ( temps modernes oblige!), par l'oral, par la gestuelle ou par l'écriture. Quoi de mieux comme livre de secrétaire improvisé que mes citrouilles, ainsi sur mes potirons " Rouge vif d'Etampes" il y a la trace du passage de trois Bretons.
Un magnifique moment de partage et d'échanges avec des jardiniers venus d'une lointaine province, visiteurs qui n'étaient pas sur des terres si étrangères si l'on tient compte des origines Bretonnes de Robert d'Arbrissel!


Alors en rangeant mes cucurbitacées au cellier j'ai revécu ce moment de rencontre et l'écriture en direct de ce potiron avec mes compagnons de l'instant...Jacqueline, Michel et Odile qui comme les mousquetaires devaient être quatre mais à priori il manquait le meilleur, un certain...Gilles! Sans parti pris bien évidemment je ne doute pas de leur parole...

Livre de mémoires ou d'histoire, cette "courge pleine de Naples " présentent un sommaire exposé sur la présence du plessis à Orsan...à lire.































































Tarzan, l'homme singe...

...aime bien les lianes, le jardinier que je suis tout autant! Mais ce ne sont pas pour les mêmes raisons et surtout en aucun cas des mêmes lianes.
Tarzan a besoin des lianes pour descendre des arbres...moi je veux des lianes qui montent aux arbres.

Il s'agit bien sûr des rosiers lianes! Rosiers très souvent botaniques, vigoureux car capables de produire des allongements de plusieurs mètres par année.

Leurs épines prononcées, légèrement incurvées agissent comme des doigts recourbés et ils agrippent la moindre anfractuosité de l'écorce de l'arbre pour se hisser dans la frondaison de celui-ci.

Puis en bout de ramure l'allongement du rosier retombe produisant cette belle allure pleureuse de cascade.
La taille de ces rosiers généralement non remontant se pratique bien sûr en été sitôt la floraison finie, mais étant donné leur vigueur c'est sans dommage que l'on peut intervenir plus tard!

Généralement ces rosiers sont très généreux avec des souches fortes, engendrant de grandes et belles pousses annuelles de rajeunissement.

Armé d'une imparable paire de gants, le travail consiste en une taille proche d'un élagage. Il faut couper les allongements les plus âgés puis les tirer vers le sol pour les dégager de l'arbre: attention aux oreilles!

Enfin il est bon de mettre les allongements conservés en bonnes conditions pour à nouveau prendre d'assaut le houppier de l'arbre; le rosier fera le reste seul et très naturellement.

...de toute façon avec les épines virulentes de ces rosiers, je mets sciemment au défi Tarzan de prendre ces lianes à pleine main!!!

















































jeudi 23 septembre 2010

Fumer nuit à la santé...

...mais pas aux fruitiers! Encore moins au potager...et partout dans le jardin. C'est reparti pour la fumure des terres d'Orsan, cette année tout le monde végétal du Prieuré va en bénéficier contrairement à l'an passé , inutile de préciser le volume de fumier que nous allons épandre!





Je vous fait grâce des différences entre amendement humique, amendement organique et engrais organique normalement vous êtes au fait des particularités de chacun d'entre eux?



Le fertilisant utilisé est du fumier naturel issu des bovins; il est donc constitué d'excréments solides et de litière imbibée d'urine subissant une fermentation chaude avec formation de substances noirâtres dites humiques.
J'utilise toujours un fumier "adulte", celui-ci est reposé.

Selon une considération peu objective mais opportuniste c'est la période de janvier/février qui est conseillée pour épandre le fumier, mais c'est le sous-emploi de la main d'oeuvre qui décide de ce moment...car d'un point de vue agrologique il est conseillé d'épandre et d'enfouir les fumiers avant les pluies hivernales.
Sous climat continental et en sol lourd l'automne est idéale , sous climat océanique et en sol léger le printemps semble le meilleur.

L'enfouissement du fumier le plus rapidement possible est fortement obligatoire car une perte d'ammoniaque traduisant des pertes de rendements sont à craindre ( 25% de perte pour trois jours de surface!).
Très important également, la profondeur d'enfouissement. Pour une bonne évolution du fumier il faut de l'oxygène à la microflore du sol sinon il y a risque de "momification". Attention une trop grande richesse d'oxygène entraîne une combustion rapide de l'humus réduisant à néant l'effet souhaité.
En terres lourdes il est bon d'enfouir d'environ 10cm le fumier sous terre tout en fragmentant au maximum les mottes de fumier. Par contre dans une terre sableuse et légère l'enfouissement peut-être de 30cm tout en conservant de grossières mottes de fumier.
Dans le même esprit les fumiers de cheval et de mouton sont si possibles utilisés dans les terres froides et argileuses, ceux de vache et de porc pour les terres chaudes et sableuses.
De même les fumiers pour donner du corps à un sol léger peuvent être pailleux alors que ceux destinés à un sol lourd sont meilleurs bien décomposés.
Selon ses possibilités d'obtenir aisément du fumier...des doses réduites mais régulières ( 20t/ha tous les ans ou deux ans) sont tout à fait l'idéal. Exception éventuellement pour des sols extrêmement lourds ou il est conseillé d'un apport massif ( 60t/ha!) mais tous les 4ans.
L'apport de fumier peut se faire pour tous les végétaux...avec des bémols évidemment pour les légumes bulbeux ( ail, oignon...) et la grande famille des légumineuses.

Enfin retenez que le fumier très pailleux et en grande quantité incitera les légumes racines ( ex; carotte) à fourcher! C'est pourquoi pour cette catégorie de plante l'utilisation d'un fumier très décomposé et en fine répartition donnera de bien meilleurs résultats.
Avantages et défauts du fumier? Le fumier contient les éléments nutritifs NPK vitaux pour les plantes, le processus de dégradation provoque une activité bactériologique dans le sol, il joue un rôle d'amendement...bref que du bonheur je ne vous l'apprend pas! La cerise sur le gâteau, le temps de l'épandage sur le sol c'est un véritable buffet à ciel ouvert pour les poules qui se font une overdose de vers et autres faunes vivants dans le fumier.
Qu'en est -il de l'assimilation des éléments du fumier coté nutrition végétale? Il s'avère que l'acide phosphorique contenue dans le fumier est plus actif que celui des engrais minéraux! La potasse qu'elle provienne du fumier ou d'un engrais minéral a une action comparable à celle de l'acide phosphorique. L'azote des engrais minéraux est mieux utilisable que l'azote fournie par le fumier.
Les sols d'Orsan sont de texture moyenne ( ni trop lourds , ni trop léger!), le fumier de bovin est ce qui est le plus facile à se procurer. Nous épandons tous les deux ans ou chaque année selon le calendrier un fumier légèrement décomposé ( un an de stockage), ce travail se fait dès septembre avec le bêchage qui suit au plus près. Lors du bêchage et déjà au moment de l'épandage les mottes de fumier sont cassées et dégrossies pour leur enfouissement. Selon la météo, le personnel et le calendrier des travaux le bêchage se poursuit tout au long de l'hiver, ce travail est stoppé lors de périodes pluvieuses, froides et neigeuses intenses.
Fini la parlotte et les bons conseils; le tracteur remorque , les brouettes de solides jambes et l'huile de coude sont maintenant les clés pour fumer...tout en assurant une bonne santé!



















































Chevelure d'Albertine!

C'est le moment opportun de jeter un coup d'oeil vers "Albertine", il ne s'agit pas d'une charmante jardinière d'Orsan mais d'un rosier non-remontant visible dès l'entrée dans les jardins....





Ils sont deux pour être exact, plantés dans le cloître de longs allongements traversent la haie et viennent retomber sur le chemin de promenade.









Les allongements du rosier ont donné de la "pousse" depuis le travail de cet été! Le travail du moment consiste à reprendre ces allongements et de les palisser sur le support.





Exceptionnellement...des allongements seront supprimés si le potentiel est très satisfaisant. Sinon bien sûr il faut garder le maximum d'allongements et les choyer, c'est la génération future qui doit porter les fleurs.




Ce rosier n'est pas le seul bien sûr a recevoir des soins capillaires, tous les frères et soeurs d'Albertine non-remontant ont ma visite , peigne et ciseaux en main!

Peignée, plaquée et tirée aux quatre épingles la chevelure d'Albertine attend le printemps pour se parer de mille roses












































vendredi 10 septembre 2010

"Péché capital et...

...pêcher mural". Les deux peuvent être liés si le jardinier n'aborde pas le travail de cet arbre avec humilité; la vanité mène dès lors le jardinier présomptueux!!!

Le travail en forme palissée des fruitiers à pépins est déjà une activité "prenante"mais ouvrir comme une main un fruitier à noyau sur un mur relève parfois du casse tête. Ces arbres supportent difficilement la taille faut-il le rappeler! Cela se fait surtout en vert et avec des bois de faible diamètre.

A Orsan sur le mur d'entrée en bord de route deux pêchers sont tout de même travaillés en palmettes à la diable.



Rude entreprise en effet car sous nos contrées la durée de vie n'excède pas vingt années, et la cloque ou la gommose guettent à tout instant.

Une pulvérisation cuprique à la chute et au débourrement des feuilles restent une bonne prévention.

Les palmettes sont exposées plein sud, inutile d'y penser avec une autre orientation!


Cette taille d'été ou de "récolte" consiste à supprimer les rameaux ayant fructifié ou si les fruits sont tombés prématurément.

Cette opération est très utile pour renforcer les rameaux de remplacement.




Dans les régions traditionnelles de culture des pêchers sous cette forme, l'attache se fait avec des morceaux d'étoffe, ce palissage se dit " à la loque". Cette méthode a été mise au point pour ne pas blesser les branches lors de l'attache...le "scoubidou" permet la même approche!





De solides clous disposés stratégiquement dans les joints du mur assurent des prises pour le palissage des pêchers, la matière synthétique du lien et le mode d'attache protège le rameau de l'acier.





















Arôme?

Dernièrement un visiteur se dirigeait vers moi d'un pas décidé, puis m'interpellait dans ces termes; " Monsieur l'arôme dans le jardin des médicinales, c'est un scandale!".

Sans d'autres explications il me laissa avec cette annonce, ce qui eu sur moi une forte incompréhension et de fait une coupable responsabilité.

De quel arôme voulait il parler ? Quelle plante peut produire un arôme si repoussant, qu'il en est scandaleux?.
Parcourant sans relâche le jardin des plantes médicinales, je repris une par une chacune des simples cherchant la responsable. Toutes étaient à leurs places...soudain je compris que mon visiteur faisait allusion à l'arum tacheté!
Mais alors serait-ce le choix même de présenter cette plante qui est scandaleux?
Dans le doute je pris en main tous mes manuels de botanique et particulièrement ceux concernant la partie médicinale des végétaux.
Pas de problème ,l'Arum tacheté ( Arum maculatum ) est bien une très ancienne plante médicinale. Attention cette vivace de la famille des aracées est fortement toxique à l'état frais, il est très irritant et le contact de son suc avec des muqueuses comme celles des yeux est assez dangereux. Malgré cette toxicité il était utilisé en mélange avec d'autres végétaux pour combattre les douleurs gastriques, ou comme purgatif avec l'utilisation de ses tubercules.
Le pied de veau aurait été également consommé après de nombreux lavages des tubercules pour anéantir le caractère toxique qui s'y tient, inutile de dire le danger que les consommateurs prenaient lors de ces ingestions! Mais fort heureusement désormais son usage est surtout ornemental nottament avec Arum italicum qui forme d'admirables tapis dans les lieux frais et ombragés.
Par contre je dois avoué...Arum maculatum n'est pas l'arum du Capitulaire de Villis!
Le texte parle de l'Arum dragon ou Dragantea, il s'agit de Dracunculus vulgaris.C'est aussi un arum mais d'allure et de taille bien différentes !
Dioscoride donne une description d'un" drakontia" qui peut désigner soit l'arum serpentaire ( Dracunculus vulgaris) soit un gouet ( Arum italicum ou maculatum)...j'ai opté pour un arum local.

Soudain tout s'éclaire...mon visiteur était furieux car il n'a pu contemplé l'arum de visu faute de plante présente dans la parcelle de la "barbe d'Aaron".

Si mon visiteur avait cherché à comprendre et engagé un court et simple échange explicatif, il aurait compris et surtout appris que l'arum "petite serpentaire" disparaît sitôt sa floraison et sa montée à graines réalisées!

Rendez-vous le printemps prochain pour suivre à nouveau le cycle du gouet.

Dommage pour lui, mais mon visiteur a été victime de sa méconnaissance et de son assurance du " je sais"...du coup il est passé à coté d'un petit bout de connaissance!